
Par Patrick Lonchampt
C’est dans la pépinière d’entreprises Claret, au cœur du quartier de La Pardieu à Clermont-Ferrand, qu’a eu lieu, le 3 juin dernier, la remise des Trophées Éco-Défis. Huit entreprises artisanales de Clermont Auvergne Métropole ont été récompensées pour leur engagement en faveur de l’environnement et d’une économie plus soutenable. Un événement à première vue local et discret, mais qui dit peut-être quelque chose de plus vaste sur notre avenir commun.
Artisanat et écologie : le tandem oublié ?
Quand on parle transition écologique, on pense souvent à la haute technologie, à la grande industrie ou aux politiques publiques. Trop rarement à l’artisanat. Pourtant, ce secteur de proximité, ancré dans les territoires, est l’un des plus à même de faire évoluer les pratiques à l’échelle locale. Les Éco-Défis, déployés par les Chambres de Métiers avec le soutien de l’ADEME, visent justement à valoriser ces engagements concrets et souvent discrets.
Produits, déchets, énergie, eau, mobilité, démarches sociétales… Les entreprises participantes doivent relever des défis dans au moins plusieurs de ces six domaines. Le label, délivré en version bronze, argent ou or, ne se contente pas de récompenser de bonnes intentions : il salue des actions effectives, mesurables, parfois audacieuses.
Huit visages d’une écologie du quotidien
Derrière les diplômes et les kits de communication remis ce soir-là, ce sont surtout des parcours humains, des choix assumés, et une forme de courage tranquille qui frappent.
Chez Mic Signaloc, à Cournon-d’Auvergne, on fabrique des bornes d’accès en circuits courts, avec du matériel recyclable, de l’électronique développée sur place, et des panneaux photovoltaïques sur le toit. À Clermont, Oncle Héraclite, une pizzeria de quartier, propose des boîtes à pizza réutilisables, collabore avec une cyclo-logistique zéro déchet, et met à la carte les produits de la rue d’à côté. Belle au natur’elle, institut de beauté à Montferrand, a banni le papier et rationalise son chauffage comme ses cosmétiques. À chaque fois, une volonté de faire différemment, de faire mieux, de faire sens.
La liste se prolonge : une conserverie bio qui imprime sur du kraft recyclé, une boulangerie qui transforme ses invendus en cookies, une fleuriste qui refuse la mousse florale et cultive sur son balcon, une créatrice de bijoux végétaux qui livre à vélo. Ces histoires ne font pas la une, mais elles redessinent en profondeur notre économie.
Dans une époque souvent traversée par le doute et le sentiment d’impuissance face aux crises, ces Éco-Défis nous rappellent une chose essentielle : la transition commence là où l’on est, avec ce que l’on a, et surtout, avec ce que l’on fait.
Une transition à visage humain
Il y a dans ces démarches quelque chose de profondément inspirant. D’abord parce qu’elles montrent que la transition ne se joue pas seulement dans les cénacles d’experts ou les rapports d’impact, mais aussi dans les fourneaux d’un restaurateur, dans l’atelier d’un fabricant, dans les mains d’une créatrice.
Ensuite parce qu’elles témoignent d’un nouvel imaginaire : celui d’un artisanat moderne, ancré dans le vivant, ouvert aux autres, soucieux de transmettre et de réduire son empreinte. Un artisanat qui forme des jeunes, qui partage des pratiques, qui fait communauté.
Des étoiles pour éclairer le chemin
Certains souriront peut-être à l’idée d’un “niveau or” attribué à une pizzeria ou à une fleuriste. Mais au fond, qu’est-ce que la reconnaissance sinon la possibilité de faire exemple ? De montrer qu’une autre manière de produire, de commercer, de consommer est non seulement possible, mais déjà à l’œuvre.